La Namibie enregistre une augmentation des dons de sang du fait de la gratuité du transport vers les cliniques de donneurs
Windhoek – Donneur de sang depuis 2018, Alfred Ndapanda a toujours considéré ses dons comme relevant des devoirs d’un bon citoyen. Mais l’année dernière, il a pu véritablement apprécier toute l’importance de ce geste salvateur.
« Mon oncle était à l’hôpital et avait besoin d’une transfusion sanguine », se souvient ce jeune homme de 20 ans, étudiant à l’Université de Namibie. « Que le sang transfusé à mon oncle soit le mien ou non, je faisais partie de ceux qui ont rendue possible la transfusion sanguine, car celle-ci a été possible parce qu’il y avait du sang à donner. »
Alfred fait partie des nombreux Namibiens qui mettent à profit le service de transfusion sanguine de la Namibie (NAMBTS), un programme lancé en 2020 – au moment où la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) était à son pic – afin de faciliter les dons des donneurs potentiels, qui étaient réticents à utiliser les transports publics pour se rendre dans les cliniques de donneurs.
Les restrictions sur les voyages imposées pendant la pandémie ont considérablement réduit les activités de collecte de sang. Avant la pandémie, les initiatives mobiles de collecte de sang dans les complexes scolaires et universitaires représentaient généralement 30 % des dons effectués par des nouveaux donneurs. En 2021, les dons de sang avaient diminué de 20 % de façon générale par rapport à l’année précédente, avec notamment une baisse de 8 % chez les nouveaux donneurs et une diminution de 6 % chez les anciens donneurs (ceux qui n’avaient pas fait de don depuis plus de 12 mois).
Le manque de moyens de transport ou de fonds pour le transport a empêché les anciens donneurs – qui en grande partie sont des personnes à faible revenu – de faire des dons. Pour relancer l’activité des donneurs, le système NAMBTS assure le transport des donneurs à destination et en provenance des cliniques. Les donneurs peuvent passer un coup de fil, envoyer un texto (SMS) ou un message électronique pour solliciter un service de transport gratuit vers une clinique voisine.
« Je trouve que c’est tellement pratique », indique Alfred. Avant d’ajouter que « le programme NAMBTS me facilite la tâche, car je n’ai généralement pas d’argent pour me rendre à une clinique, ce qui signifie qu’il y a des chances que je ne fasse pas de don de sang ».
« Notre maison est loin du centre de collecte de sang, mais ma petite sœur et moi utilisons désormais régulièrement les services de transport du programme NAMBTS », renchérit-il.
Lorraine Nghisheefa, une étudiante en comptabilité à l’Université de Namibie, aide à organiser ses camarades pour le don de sang dans les centres de collecte.
« Comme les cours sont désormais dispensés en ligne, il n’est plus possible d’organiser une collecte de sang sur le campus », explique-t-elle. « Le programme NAMBTS prend les dispositions nécessaires pour venir nous chercher sur le campus et nous y déposer après la collecte. Grâce au service de transport, j’arrive à faire des dons de sang beaucoup plus régulièrement et je continuerai à le faire afin qu’il y ait suffisamment de sang pour ceux qui en ont le plus besoin. »
Depuis le début de l’opération du NAMBTS, les dons de sang provenant d’anciens donneurs sont passés de 19 % en moyenne sur une période de cinq ans (2016-2020) à 27 % en 2021. La proportion de donneurs réguliers est quant à elle partie d’une moyenne de 68 % sur cinq ans pour s’établir à 74 % en 2021. Pour ce qui est de la fréquence des dons effectués par les donneurs réguliers, elle est passée de 1,8 don par donneur régulier en 2020 à 2,1 dons par donneur régulier.
« Le succès des initiatives de don de sang repose en partie sur la compréhension que l’on a des défis auxquels les donneurs de sang sont confrontés, notamment en ce qui concerne l’accès aux cliniques, et sur la capacité à apporter des solutions innovantes et économiques pour relever ces défis », explique Christina Gouws, directrice du service namibien de transfusion sanguine. « En Namibie, la mise à disposition de moyens de transport pour les donneurs de sang, tout comme le remboursement des frais de transport aux personnes qui font partie des groupes à faible revenu, a permis d’assurer un approvisionnement suffisant en sang, surtout pendant la pandémie de COVID-19 », ajoute-t-elle.
Lorraine estime que les chiffres relatifs à la collecte de sang sont encourageants, mais qu’il serait judicieux d’élargir le programme NAMBTS.
« Les zones rurales et les groupes minoritaires sont parfois laissés de côté au moment d’organiser des programmes de sensibilisation », souligne-t-elle. « À mon sens, il faudrait sensibiliser davantage les gens à l’importance du don de sang ».
« C’est l’un des cadeaux les plus précieux qu’un être humain puisse offrir à son prochain », précise-t-elle. Avant de conclure que : « Le simple fait de savoir que mon sang pourrait sauver trois vies est une motivation suffisante pour le donner. »